Educaquoi ?
Eh oui c’est parti, on commence dans les gros mots.
Educateur de Jeunes Enfants ou EJE pour les intimes, c’est un métier de la petite enfance qui a d’abord eu le nom de Jardinière d’enfants. J’aime assez cet ancien nom parce que j’y rattache l’idée d’accompagner les enfants à s’épanouir. Chacun à sa manière, comme toutes les fleurs différentes pouvant composer un jardin. Souvent confondu avec son collègue l’éducateur spécialisé, l’éducateur de jeunes enfants est, lui, spécialisé dans la période de l’enfance allant de 0 à 6 ans.
L’EJE est un professionnel du travail social, après 3 ans de formation il reçoit un diplôme d’état (DE) comme la plupart des métiers du social. Dans tous les différents lieux ou il peut exercer (crèches, jardins d’enfants, haltes-garderies, lieux d’accueil enfants parents LAEP, mais aussi hôpitaux ou instituts médicaux éducatifs pour n’en citer que quelques-uns) l’EJE a pour mission, en très résumé, de veiller au bien-être et au bon développement des enfants qu’il accompagne.
Ma vision de mon métier n’est pas bien différente finalement. Veiller au bien-être et au bon développement des enfants que j’accompagne.
Mais, j’ajouterais quand même…
Chacun des enfants. Dans son individualité. Mais en intégrant le groupe aussi. Au quotidien. En favorisant leur éveil. Et leur socialisation. Et leurs apprentissages. En respectant les besoins de chacun et de tous. Leurs rythmes aussi. En transmettant des valeurs. En les affirmant, en les remettant en question. En apprenant de nouvelles choses. En réfléchissant avec les membres de l’équipe pédagogique. En tâtonnant, en essayant, en trébuchant, en recommençant.
En respectant la place des parents. Et les faire vivre auprès de leurs enfants en leurs absences. En leur ouvrant la porte lors d’ateliers enfants-parents. En faisant partager leurs talents aux enfants. En créant du lien avec eux. Un lien fort, affectif mais qui reste professionnel.
En chantant des comptines, souvent faux. Et en racontant des histoires, souvent les mêmes. Qui font rire, qui font peur, qui font réfléchir, qui font du bien et qui font apprendre. Faire découvrir de nouveaux livres, mais revenir toujours aux classiques acclamés. Et en soignant des bobos. En séchant des grosses et petites larmes. En consolant des petits ou gros chagrins. En faisant des chatouilles. Ou des bulles. Ou la danse des animaux. Ou la course sur 4 ou 2 pattes.
Et réfléchir à un nouveau parcours de motricité. Avec des blocs. Un tunnel. Un toboggan. Intégrer la piscine à balles. Tout en mouchant un nez. Et en faisant un atelier gommettes. Non un atelier peinture. A doigts. Même avec les pieds. Fabriquer de la peinture glaçon. Ou aux épices tiens ce serait rigolo, pour l’éveil des sens. Aller dans le jardin. Chercher des coccinelles. Ou des escargots. Ou des gendarmes. Ou des limaces. Prendre sur soi quand on se met à chercher des araignées. Trouver un stratagème pour passer à autre chose.
Boire 26 faux (mais délicieux !) cafés et manger quelques tartes à la terre et autres purées de bâtons ou de juste « rien ». Avoir eu le privilège de gouter à un gâteau au raton-laveur. Imiter (mal) le cri du canard. Du chien. Du cheval. De la vache (mon meilleur). Du loup. Du chat. Du lion. De l’âne. Du ra… non pas du raton-laveur. Déchiffrer des mots. Des phrases. Sans indices. Ou avec peu. Ne pas comprendre malgré mes nombreux décodeurs intégrés. En criant victoire lorsque je trouve ce que veut dire « boutchi » après 1 bonne heure de propositions (aaaaaah ! c’était cuillère en fait…).
En trouvant l’espace pour chacun, le temps pour tous. Monter un spectacle de marionnettes avec les collègues. Ou un jeu de transvasement ou de motricité fine à moindre coût. En réfléchissant au quotidien comment valoriser encore plus l’estime de soi. L’autonomie. La liberté de mouvement. En faisant évoluer nos pratiques. En se formant à la communication gestuelle associé à la parole ou à la pédagogie Montessori. En participant à une conférence sur les émotions de l’enfant, les neurosciences ou encore sur les liens parents-professionnels. En sensibilisant les familles sur les écrans. Sur la motricité libre. Sur l’acquisition de la propreté.
Tout en cherchant doudous et tétines. Parfois vraiment désespérément (souvent avant la sieste ou à la fermeture de la crèche voyez-vous), parfois juste pour rire parce que doudou s’est « caché ». Mais aussi resservir de l’eau, des épinards, des fruits, des pâtes, du gâteau, de la comp.. ah désolée il n’y en a plus. Proposer de gouter. Accompagner. Accepter qu’ils ne goutent finalement pas. Aider à se débarbouiller.
Et puis accompagner pour s’endormir, rassurer par sa présence. Bercer, un petit peu. Parler, beaucoup. Ou l’inverse. Être là pour un réveil en douceur. Ou pour un cauchemar. Prendre le temps. M’allonger à côté. Passer d’un lit à l’autre. En s’assurant que tout le monde est au mieux. Tout en ayant le temps d’observer l’évolution du groupe. L’évolution de chacun. Leurs stades, leurs acquisitions. Adapter mes propositions.
En réfléchissant à un meilleur aménagement de l’espace. Le coin dinette ou le coin poupée. Le coin motricité. Le réduire, le déplacer, l’agrandir, le supprimer. Comprendre les colères, les frustrations, les peurs. Tout en proposant mes bras pour un câlin. Mes mots pour soulager. Mon attention pour apaiser. Ma position pour rassurer. Accueillir les joies en levant les bras. En sautant. En dansant. Et TOUJOURS m’émerveiller d’un rien (d’un tout quand on y réfléchit autrement).
Voilà. Tout ça, c’est ce que je pense être mon métier au quotidien. Mais, si je devais le résumer en une phrase. Je dirais :
Mon rôle est d’être présente pour chacun à chaque instant, avec toute mon empathie.
C’était important pour moi de vous présenter mon métier. D’abord parce que c’est mon point de départ dans ce projet. C’est tout mon chemin de formation et tout ce que j’y ai appris qui m’a donné envie de créer cet espace d’échanges et de transmission.
Ensuite (et surtout) parce que c’est un métier très peu connu, donc encore moins reconnu, alors qu’il mériterait qu’on lui donne tellement plus d’importance (Non, pas seulement parce que c’est le mien !).
C’est un de mes objectifs à travers ce blog : revaloriser toute l’importance que mérite l’enfance, la petite enfance mais aussi tous les métiers qui en découlent. Enormément de personnes ne connaissent pas les spécificités des différents métiers de l’enfance, leur complémentarité dans leurs rôles et missions auprès des enfants qu’ils accompagnent.
Combien de fois depuis que je suis diplômée, j’ai eu besoin d’expliquer ce qu’est mon métier, que non je n’ai pas fait trois ans d’études pour « apprendre à changer des couches » ou « garder des mômes » et que non je ne suis pas non plus la « Madame Gommette » de la crèche ou je travaille. Je le comprends, car il y a peu d’informations et elles ne sont pas valorisantes, et ça m’a frustrée de l’expliquer jusqu’à ce que je réalise que « Là, il y a quelque chose à faire Carmen ».
En fait, je devenais comme investie d’une mission pour transmettre mon regard et ma passion pour l’enfant et tout ce qui gravite autour de lui. Une sorte de super-girl avec comme supers pouvoirs mon émerveillement pour l’enfance, mes connaissances et mes mots. A partir de ce moment-là, c’est devenu encore plus passionnant pour moi. Il fallait que j’en apprennes le plus possible, pour à mon tour le transmettre ne serait-ce qu’à une personne et espérer pouvoir faire évoluer son regard.
Les enfants sont notre avenir, je reste persuadée qu’il serait possible de supprimer énormément de « problèmes d’adultes » en se concentrant sur ce qu’est réellement « l’éducation » et sur les valeurs qu’on transmet aux enfants dès le plus jeune âge.
J’espère avoir pu vous faire découvrir ou vous informer plus sur ce (MERVEILLEUX) métier qu’est celui d’Educateur de Jeunes Enfants à travers cet article. Vous avoir sensibiliser sur leur importance auprès de vos enfants. Ou peut-être susciter des vocations pourquoi pas ?
Je serais curieuse de savoir quel regard vous portez sur ce métier, ou même sur la vision que j’en ai, n’hésitez pas à vous exprimer en commentaires.
A très bientôt !
Carmen