Face aux nouvelles (nouvelles/nouvelles/nouvelles…) recommandations du gouvernement concernant les protocoles sanitaires Covid-19 dans les établissements petite enfance. J’ai besoin de faire un petit point sur toutes ces questions. Et tout ce que ça implique dans le monde de la petite enfance. Et ce que ça provoque moi, en tant qu’individu. Et en tant qu’éducatrice de jeunes enfants. (Ça fait beaucoup de « et » je sais…)
J’ai des sentiments un peu, voire très, partagés sur la gestion de cette crise que nous avons mondialement traversée, comme beaucoup de gens je pense. Alors en ce qui concerne l’accueil des enfants, n’en parlons pas ! (D’ailleurs cette période m’a déjà fait réagir tout à fait autrement dans un autre article que vous pouvez trouver juste là !)
Bref, je me questionne énormément, je réfléchis beaucoup (Toutes les chouettes réfléchissent beaucoup…). Et j’ai envie de le partager avec vous !
D’abord, il y a eu la précipitation.
D’un coup, d’un seul, alors qu’on nous annonçait quelques jours avant, qu’il était impossible qu’écoles et établissements de la petite enfance ferment. Paf ! On a fermé. Forcément c’était un chamboulement pour tout le monde. Et surtout pour les petits finalement. Qui avaient encore moins que nous, la capacité de recul et de compréhension des choses. Ça a été un peu une double peine pour eux.
Changer du jour au lendemain toutes ses habitudes, perdre tous ses repères du quotidien brutalement, surtout sans avoir, pour certains, la possibilité de sortir dépenser son énergie débordante. Et l’incompréhension générale qu’ils ont dû ressentir, malgré les explications des adultes autour d’eux. Et cela, qu’ils aient été accueillis en crèche, chez une assistance maternelle avant cette période de confinement, ou non ! Ils ont quand même démontré une fois de plus, leurs immenses capacités d’adaptation, nettement supérieures à nous autres adultes. Et ce à tous les âges !
Bien sur cette période à pas été facile en tant que personne. Mais de mon côté Educ ça n’a pas été facile non plus. On a dû faire rapidement, sans avoir vraiment le temps pour préparer les enfants à cette idée, accompagner les familles non plus !! Moi qui essaye au quotidien de permettre l’anticipation aux enfants, j’ai été prise de court et du coup, vraiment frustrée. Pas spécialement pour moi, toujours pour les petits et leurs familles !
Ensuite, il y a eu la patience
Je n’ai pas d’enfants personnellement, mais je vis avec nombre d’entre eux presque chaque jour. Alors forcément, je commence à savoir de quel bois, les dîtes progénitures, se chauffent. J’imagine donc aisément, je comprends même, chers parents, quel a été votre quotidien durant ce confinement de plusieurs mois ! Avec les facilités et les difficultés de chacun en plus évidemment.
Maison/appartement, nombre et âges des enfants, du coup devenir prof en plus de gérer le quotidien. Gérer soi-même son rapport à tout ça, sans cesse, sans pause (ou quelques courses par ci par là). Les repas, plusieurs fois par jour ! Le boulot, télétravail ou non. Les mauvaises nouvelles aussi, j’en suis navrée. La maladie pour certains, je le suis tout autant. Le stress. (Pour certaines personnes, plutôt en matière d’acquisition en quantité extrême, de denrées extrêmement rares et absolument indispensables à la survie de l’être humain, comme les pâtes et le papier toilette…) Enfin un tas de petites choses qui ont fait que, c’était long. Surement nécessaire, mais terriblement long.
Mon cœur d’EJE aurait voulu prendre des nouvelles de chacun, entretenir ce lien, proposer par-ci par-là juste un peu d’écoute, ou quelques conseils. Même une de mes idées farfelues d’occupation rigolotes et ludiques. J’avais envie de patouiller, de chantonner, de chercher des coccinelles, de lire cent fois la même histoire… J’avais envie de soutenir les parents, d’accompagner les enfants… De mon côté, j’avais un bon petit manque de tout ça ! (Vous comprenez du coup comment l’idée de créer un endroit de partage a fini de murir dans mon esprit)
Mais une partie de moi était quand même super contente que les enfants et leurs familles aient cette possibilité (à travers ce malheur) de pouvoir créer un lien différent. D’avoir pu profiter les uns des autres. Je ne vis pas dans le monde des bisounours. Mais mine de rien, mon côté optimiste me fait me dire que ce moment certes difficile, a tout de même fait vivre des moments de bonheur marquants à bon nombre de familles.
Enfin, il y a eu les retrouvailles !
Pour vous surement, comme pour moi ça a été la délivrance ! En ribambelle, à la queue leu leu et en chantant nous avons repris le chemin de la crèche, ou de l’école, ou du travail… Pas tout le monde non plus, en douceur au début. Puis de plus en plus. La vie a repris son cours. Mais pas tout à fait comme avant quand même…
Pour nous protéger et protéger les autres, petits et grands, nous avons dû adopter les fameux « gestes barrières ». (*Alerte Corona Virus*… vous aussi vous l’entendez encore .. ?)
Lavage des mains, gel hydroalcoolique, distanciation sociale et surtout masques. Beaucoup de choses à intégrer, qui changent quand même pas mal les habitudes. Pas facile pour les adultes. Et pour les enfants alors ?
Bien sûr il n’était pas question de faire porter le masque aux tout petits (quoi que, si je ne m’abuse, il est obligatoire à partir de 3 ans en Grèce…). Il y a cependant eu débat sur la proximité, ou la distance plutôt…C’était déjà une question récurrente dans le monde de la petite enfance mais là ? Tenir à distance les enfants les uns des autres mais aussi de soi ?! Ça s’avère mission impossible et surtout mission contre le développement de l’enfant. Il y a eu aussi débat sur le doudou, était-il encore admis ou non dans les structures ? Encore une aberration, pardon…
Et encore une fois quelle est la compréhension qu’ils ont eu de tout cela ? D’autant que ça n’a cessé de changer ! (Si vous me suivez sur Instagram, vous avez surement vu ma story mini coup de gueule sur ces changements intempestifs et incohérents pour les jeunes enfants !)
Je comprends totalement que l’on essaye de comprendre le virus, son évolution et ses dégâts, que l’on essaye de s’adapter à chacun au bon moment. (Et encore…) Je suis parfaitement d’accord avec le fait qu’il y a des immensément de soucis autre que ce confinement a engendré. Mais (ENCORE UNE FOIS !) je constate que la petite enfance reste la grande oubliée du gouvernement finalement. Je parle tout autant des enfants que des professionnels, quels qu’ils soient. Même si j’ai encore de l’espoir, surtout quand je sais que le confinement n’aura pas fait disparaitre le rapport des 1000 premiers jours de l’enfant rendu par Boris Cyrulnik au gouvernent, il y a quelques semaines maintenant. (Je vous en dirais plus quand je l’aurais moi-même lu.)
Mais, les enfants dans tout ça ?
Mais, mais, mais… Mon grand regret c’est qu’on ne considère pas le petit enfant. Et principalement parce qu’on ne le connait pas assez je pense… (Vous comprenez encore mieux le coup de « l’idée qui a murit », ma passion pour les enfants et pour le bavardage = Salade Doudou Tétine !)
Par exemple, je ne suis pas contre le port du masque avec les enfants s’il faut les protéger, me protéger, les autres autour de moi. En revanche, je sais au fond de moi tous les manques que ça procure.
Prenons le masque par exemple. Au niveau de l’expression des émotions, la compréhension du visage, de l’imitation, du langage… C’est une énorme entrave au quotidien avec les enfants. Encore une fois les enfants ont une capacité folle d’adaptation et j’ai confiance dans le fait qu’ils sauront malgré tout trouver les ressources dont ils auront besoin pour grandir. Malgré tout, en tant qu’adulte accompagnante, je ressens quand même une frustration. (Et qu’est-ce que c’est ch***********nt à porter au quotidien franchement ! Pas pour vous ?!) M’enfin, passons, je m’adapte. J’en rajoute encore plus, je parle plus fort ou encore plus avec mes mains ! (Bientôt, bientôt promis l’article et les vidéos sur la communication gestuelle associée à la parole !!) Bref, je dépasse ma frustration, pour tenter d’offrir toujours le plus adapté avec les conditions que j’ai !
Ce qui me gêne vraiment c’est qu’en l’espace de quelques mois, toutes les règles ont changées du jour au lendemain (urgence sanitaire oblige), de semaines en semaines (adaptation aux nouveautés oblige) et parfois au jour le jour (là ça commence à me dépasser un peu…). Et sans que l’on ne comprenne forcément ni pourquoi, ni comment. Ce qui implique que nous ayons forcément, de moins en moins confiance. Ce qui est absolument génial pour accompagner quotidiennement des groupes d’enfants dans l’épanouissement individuel voyez-vous… Milles avis divergents, milles débats, milles fonctionnements, le choix aux municipalités, finalement des mesures nationales et puis en fait non…
Ainsi font, font, font…
Je n’ai pas du tout la prétention de savoir ce qu’il faut faire. Je n’ai ni les qualifications, ni le savoir pour donner mon avis sur le point de vue médical ou politique. Je parle seulement de ce que je connais, de ce que je vois. Alors mince ! Mettons-nous d’accord sur un fonctionnement de base, qui viserait à protéger au maximum chacun du point de vue de sa santé mais aussi de son développement. Prenons en compte chacun des individus de la société, adaptons-nous à la situation une bonne dois pour toute. Et prenons le temps ! Les choses évoluent tellement vite que le temps de prendre une décision et de la faire appliquer, il faut déjà faire l’inverse. Ça n’a plus de sens pour personne, encore moins pour les petits et c’est complètement contraire à la fiabilité de l’environnement dont ont besoin les enfants.
D’autant que ça prend énormément de temps aux équipes de se réadapter à de nouvelles manières de fonctionner. Changer les protocoles. Rajouter des tâches aux nombreuses tâches quotidiennes. Changer les règles, sans cesse. Ne plus être tout à fait sûr de ce qu’on dit ou fait finalement. On passe déjà tellement de temps sans être réellement disponibles pour les enfants ça devient vraiment compliqué. Je préfèrerais avoir plus de temps auprès des enfants, ou pour préparer des choses directement destinées à eux : du matériel, des ateliers… Plutôt que d’avoir à réfléchir encore à une signalisation fléchée dans le couloir, une organisation pour les transmissions du matin et du soir pour prendre le temps avec chaque famille sans leur faire perdre un temps précieux à patienter en file indienne…
Trois petits tours et puis s’en vont !
Alors aujourd’hui c’est ce sujet du Covid en particulier qui me fait réagir, mais au fond ce que je veux dire c’est que ça reflète la considération générale du gouvernement pour la petite enfance. Enfants, familles et professionnels ne sont absolument pas reconnus dans leurs particularités ni même leurs besoins. C’est tellement dommage ! Parce que s’intéresser à eux réellement, c’est s’intéresser à l’avenir. Ce sont les enfants qui vont créer le monde de demain, faire eux-mêmes les enfants de demain qui créeront eux le monde d’après demain et ainsi de suite. Ça parait carrément utopique dis comme ça je vous l’accorde. Mais quand on y réfléchit vraiment c’est la vérité. On a un sacré pouvoir, qu’on ne réalise pas encore !
Mais ça va venir. Chaque jour on fait un petit pas dans ce sens. Et j’espère y participer de mon côté, dans mon métier au quotidien. Mais aussi ici, à travers les bla-bla que j’ai l’air de partager, je me donne une vraie mission.
Alors comment vous réagissez à cet article en tant que parents ? Ou en tant que Pros ?
Qu’est ce qui a été difficile pour vous ? A vivre ou à mettre en place…
Vous tenez sans être trop essoufflés lors des transmissions ? C’est ma pire hantise avec toutes ces histoires !!!
Si lire le Guide Ministériel des Mesures pour la petite enfance vous intéresse vous pouvez le trouver juste ici !
Jusqu’à la prochaine, je vous souhaite d’être en pleine santé !
A bientôt !
Carmen
[…] impacts et conséquences que ça pourrait avoir sur eux tout ça. On en avait déjà un peu parlé ici dans mon article Mesures Covid et Petite Enfance que vous trouvez juste là […]
[…] On en avait déjà un peu parlé dans mon article Mesures Covid et Petite Enfance que vous trouvez juste là […]